Requalifier les centres de quartier
Aujourd’hui, l’esplanade Saint-Léonard est enfin donnée à la vie foisonnante du quartier : On voit, sur la grande dalle les gamins jouer au football, les skaters virevolter et les enfants caracoler sur leurs vélos.
Les étudiants pique-niquent dans le verger, les mamans se rassemblent sur les grands bancs, les jeunes font le guet du haut de la passerelle, les écoliers trottinent en troupeau derrière leur prof de gym, les guides touristiques mènent les visiteurs, les chiens tirent leur maître, les amoureux prennent le soleil sur les transats, les poètes rêvent, les enfants aux pieds nus traversent le fil de l’eau…
Gravée sur l’axe de l’ancienne muraille, nourrie de tous les murmures qui sourdent de ce lieu, la longue phrase incantatoire du poète Eugène Savitzkaya, accompagne les promeneurs.
Éclats de voix, de lumières, de couleurs, langues étranges, destinées multiples et variées habitent l’espace.
La place semble toujours avoir été là ; déjà, elle a pris quelques coups ; déjà, elle est bariolée ; déjà, le bois des bancs se patine de gris argenté…
Pourtant, une longue histoire…
Arrivée de 1626 jusqu’à nous la vue de Jean Blaeu ( gravure de Mérian.) est un document-clé pour apprécier la dimension historique et exceptionnelle du site de St Léonard : on est frappé par le caractère de cette frange urbaine tranchée net par le dispositif défensif de la ville, fossé et muraille imposante, interrompue à trois reprises par les portes y donnant parcimonieusement accès….
Le fossé, aménagé en darse portuaire, sera ensuite remblayé dès le début du XVIIIe siècle
C’est sur cette friche que l’on bâtira vers 1850 le quadrilatère rébarbatif de la prison Saint- Léonard, véritable frontière entre les quartiers du centre-ville (Féronstrée et Hors château) et le faubourg St Léonard en plein essor industriel.
Il faudra attendre 1981, pour qu’un projet de descente autoroutière vers le pont Maghin, heureusement vite abandonné, implique la démolition de la prison.
Dès ce moment, le rêve d’un parc habite le comité du quartier nord, qui propose ses projets. L’idée séduit, mais les moyens financiers font cruellement défaut à la ville, en prise avec d’importants problèmes budgétaires.
Ce n’est qu’en 1992 que la ville de Liège rachète la friche de la Prison à l’État, pour un franc symbolique, avec comme obligation d’y aménager un espace vert.
Jusqu’au printemps 1999, le site restera un vaste terrain vague, servant providentiellement de parking sauvage, à la lisière du centre-ville…
Concours d’idées pour un parc
En 1994, à l’initiative de l’échevinat de l’Environnement et du Cadre de Vie, un concours d’idées est lancé, auquel répondent 58 bureaux d’architecture, de paysagisme ou d’urbanisme.
Le programme est passionnant, l’occasion rare :
… reconquête d’un espace urbain d’environ 6 Ha.,
… conception d’une zone de parc et d’espaces verts
… création d’un lieu d’accueil pour des activités culturelles,
… trait d’union entre les 2 quartiers,
… liaison entre l’esplanade et la colline.
Le jury du concours est constitué de représentants des quartiers concernés, des différents services de la Ville, de la Région Wallonne, de l’Ordre des Architectes, de la Fondation Roi Baudouin, de la Fondation Européenne pour l’Architecture et le Paysage, d’urbanistes, d’architectes et d’artistes.
Le choix du jury se porte sur le projet des architectes Baumans-Beguin-Rondia.